BRETAGNES : LES COULISSES

UN VOYAGE

Les Bretagnes. Qui sont-elles ? Des terres bouillonnantes de cultures folkloriques, religieuses, musicales, picturales, chorégraphiques. Des paysages tantôt verdoyants, orangés, abruptes, montagneux, planes. Aucune Bretagne n’est identique, plusieurs centaines, voire milliers, de kilomètres séparent le port du Guilvinec de la province écossaise d’Aberdeen et, pourtant, tant de poésies, de langues et de musiques les rassemblent.

Les Bretagnes. Que sont-elles ? Des terres de foi, d’amour, de mélancolie et d’espoir où se mêlent et se rencontrent les passions les plus humaines : la peur de l’au-delà, la tristesse de voir l’être aimé quitter son pays, la fierté de sa terre, la nécessité de se confier à Dieu.

Bretagnes est une fenêtre sur l’âme du breton, sur sa vie, sur son voyage.

Le voyage d’une vie, que le breton confie à Dieu par des prières, représentées par ces deux très beaux canons traditionnels venus d’Angleterre, O Lord keep shining for Thee et Bless them that curse you ainsi que par le très beau et majestueux The Lord bless you and keep you du compositeur londonien John Rutter, mais qu’il confie également à la beauté et à la grandeur de la nature, comme raconte An Irish blessing.

Un voyage d’Esprit et de Foi que les joies et les peurs traversent en se saluant. Un voyage où le breton pourra chanter la joie et l’espérance de Noël par des mélodies aussi joyeuses que brillantes comme Lo ! Christ the Lord is born d’Edward Elgar, mais également par l’intériorité des Four Old English Carols (Quatre anciens chants de Noël anglais) de Gustav Holst ou encore la douce mélancolie de Pe trouz war an douar et Diskennit eus an Neñvoù. La foi par laquelle le breton exprime aussi sa peur de l’Après auprès des siens (« Frères, parents, amis, au nom de Dieu, écoutez-moi, secourez-moi ! », Gwerz ar Purgator) et son attente du paradis .

Ce voyage est aussi fait d’amour. L’amour de sa terre et de son pays, si délicatement exprimé par cette magnifique mélodie de Jef Le Penven, Me zo ganet e kreiz ar mor, comme l’amour ressenti pour cette femme, jadis, à la foire de Scarborough.

Mais le breton n’est pas le seul à voyager, et j’espère, au travers de cette musique, tantôt exultante, tantôt sombre, teintée – parfois – de nostalgie comme de joie éclatante, que chaque amoureux de la musique qui lira ces quelques mots vivra, par ce disque, un beau voyage. Puisse cette traversée musicale vous plonger dans l’intensité et la beauté de nos Bretagnes."

François-Xavier KERNIN
Chef de chœur

UNE EXPERIENCE

« TOUT CHANT DONT LA VALEUR EXPRESSIVE N’ÉGALE PAS CELLE DU SILENCE EST À PROSCRIRE » Joseph Samson ( Congrès de Musique Sacrée / Versailles - 1957)

Au Printemps 2024, j’ai eu le grand bonheur d’être associé à une riche aventure musicale et humaine. Pendant cinq jours, dans la fraicheur et la quiétude de l’église de Brélévenez, les jeunes de la Maîtrise de Lannion et leurs ainé(e)s se sont prêtés à un exercice enthousiasmant mais ô combien délicat. En effet, enregistrer un disque ne demande pas la même concentration que celle de l’interprétation d’un concert : il faut de la patience… savoir reprendre (parfois un court fragment), savoir attendre aussi (parfois longtemps) et surtout accepter de ne pas recueillir les encouragements des applaudissements d’un public, ni même connaître le résultat final de tout ce travail.

Pourtant, caché dans la sacristie, le magicien-preneur de son imagine déjà ce à quoi aboutiront toutes ces heures d’un formidable engagement de toutes et de tous… et l’on doit lui faire confiance.

Je veux exprimer ici mon immense admiration aux chanteuses, aux chanteurs et aux instrumentistes qui ont participé à cette réalisation mais aussi aux bénévoles qui ont su créer le climat de sérénité nécessaire durant toute la semaine. La bonne humeur et la bienveillance de François-Xavier Kernin (chef, mais aussi âme de la Maîtrise) ont été chaque jour mises au service de la qualité musicale des œuvres enregistrées. Celles-ci, choisies avec grand soin, font la part belle aux mélodies traditionnelles harmonisées par François-Xavier Kernin lui-même; que demander d’autre à un chef de chœur, sinon d’allier a ses capacités de conduire un ensemble vocal, celles d’écrire pour lui de la musique sur mesure ? Le bref « O salutaris Hostia » témoigne de son talent à ciseler avec une grande économie de moyens une miniature d’une douce poésie.

Aussi, lorsque vous écouterez ce disque, vous ne craindrez pas de rompre le silence : tout y sonne clair et émouvant, profond et juste.

Michel Boédec
Compositeur, Organiste titulaire de St-Pierre de Montmartre (Paris)